La lèpre, cause de handicap
En 2017, 50 nouveaux patients atteints de la lèpre ont été notifiés sur tout le pays. Parmi eux, des enfants. Si Haïti fait partie des pays à faible densité par rapport à la lèpre, cette maladie de la peau demeure inquiétante et pour cause, elle peut engendrer des handicaps.
Ces chiffres ont été révélés dans un document produit par le Ministère de la Santé Publique et de la Population (MSPP) conjointement avec l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS). De ces 50 cas, deux attirent particulièrement l’attention des responsables : une adolescente de 14 ans développant une incapacité qui se manifeste par une limitation de la motricité au niveau des bras et de petites plaies dorsales sans indication opératoire et une fillette de six ans présentant une dizaine de lésions cutanées hypo pigmentées et anesthésiques sur le tronc évoluant depuis 2 ans.
Les cas des deux fillettes atteintes de la lèpre inquiètent les autorités qui estiment qu’il faut renforcer la campagne pour l’éradication de cette maladie menée depuis plus de 60 ans. « C’est assez pertinent parce que ces deux enfants diagnostiquées lépreuses doivent grandir, et profiter de leur vie », a expliqué le Dr Madge Dorcelus du programme national de lutte contre la lèpre, travaillant sous la tutelle du MSPP. Elle affirme que le Ministère de la Santé Publique prévoit de se doter d’un plan stratégique national avant la fin de 2018 dans lequel sera intégrée une prise en charge physio-thérapeutique.
Diverses institutions sanitaires font la prise en charge de la lèpre en Haïti. Il s’agit principalement de l’hôpital Cardinal Léger à Léogâne, de l’Institut de Dermatologie et de Maladies Infectieuses (IDMI) à Port-au-Prince et de la Clinique dermatologique Saint-Damien aux Gonaïves. Depuis 2012, environ 300 nouveaux patients ont été notifiés et traités dans ces trois centres. Lasituation épidémiologique est marquée par une proportion élevée de patients multibacillaires et d’enfants de moins de 15 ans. L’Artibonite, l’Ouest et le Nord-ouest, sont respectivement les départements où un nombre plus important de cas de lèpre a été signalé. Toutefois, la situation d’Haïti par rapport à la lèpre n’est pas catastrophique, rassure le Dr Dorcelus.
Si les chiffres ne sont pas alarmants, chaque cas est à prendre en charge au plus tôt et avec soin. En effet, la lèpre, si elle n’est pas soignée à temps peut causer un handicap. La bactérie attaquant les terminaisons nerveuses détruit la capacité du corps à ressentir la douleur et les blessures. En l’absence de sensation de douleur, la personne ne se rend pas compte de ses blessures qui sont souvent graves et qui peuvent s’infecter. Les changements dus à la lèpre affectant la peau rend la personne vulnérable aux ulcères. Non traités, ceux-ci peuvent causer d’autres lésions, des blessures et des défigurations visibles sur le visage et sur les membres. Quand le nerf facial est touché, le malade peut se trouver dans l’incapacité de cligner des yeux et peut, éventuellement développer la cécité.
La stigmatisation associée à la lèpre reste un obstacle pour mettre fin à la transmission. Les personnes affectées sont souvent réticentes à se faire diagnostiquer ou à demander de l’aide. Cela peut aussi avoir des répercussions dévastatrices sur la vie des victimes longtemps après qu’elles aient été guéries. Le MSPP mise donc sur une vaste campagne de sensibilisation pour prévenir la transmission, sensibiliser l’entourage de la personne affectée, prévenir les cas aigus et les cas de handicap développés des suites de la lèpre. « Si vous remarquez une petite tâche inhabituelle d’une couleur rougeâtre sans sensibilité, il faut vite se faire prendre en charge pour éviter les complications », a insisté Dr Dorcelus.
Bureau du Secrétaire d’Etat à l’Intégration des Personnes handicapées
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