De nouvelles orientations sur la question du handicap
Après deux journées d’intenses discussions, à la réunion ministérielle de haut niveau de la CARICOM sur les droits des personnes à besoins spéciaux, qui se sont tenues les 5 et 6 décembre 2013 à Port-au-Prince, au cours de laquelle les 14 Etats membres et Etats membres associés ont pris part, ces derniers ont adopté vendredi soir un document baptisé « la déclaration de Pétion-Ville ». Cette conférence caribéenne intitulée « Bâtir une société inclusive pour tous» a permis aux participants de donner une orientation globale à la question des personnes à besoins spéciaux.
Douglas Slater, secrétaire général adjoint de la CARICOM, a déclaré que l’objectif principal du forum a été largement atteint. Il confie avec enthousiasme que la communauté va tenir compte des propositions des autorités haïtiennes et des autres États membres sur la question à travers la déclaration.
« Nous proclamons à travers ce document notre volonté et notre détermination communes d’ériger des sociétés basées sur la cohésion sociale et l’inclusion, l’existence d’un cadre légal et réglementaire pour l’inclusion des personnes handicapées en contribuant à l’accès à l’environnement bâti dans nos États respectifs ; l’accès aux services sociaux à tous les niveaux à travers des politiques publiques nationales : l’accès à la santé ; à la réhabilitation et la réadaptation ; aux matériels adaptés ; à l’éducation inclusive ; aux transports adaptés ; à la jouissance des droits humains, civils et politiques ; au loisir ; à la justice ; à l’emploi et au travail adapté», a dit M. Slater, en présence des pays signataires. Il s’agissait d’Antigua et Barbuda, de la Grenade, des Bahamas, du Belize, de Sainte-Lucie, de la Dominique, de Trinidad and Tobago, d’Haïti, de Guyana, de la Jamaïque, de Montserrat, de Saint Kitts et Nevis, de Saint-Vincent-et-les Grenadines et du Suriname.
Intervenant à l’issue de ce forum, le ministre haïtien des Affaires étrangères, Pierre-Richard Casimir, a fait savoir que les représentants des États mandatés ayant participé à cette réunion ministérielle de haut niveau de la CARICOM ont signé la déclaration de Pétion-Ville qui comporte les lignes directrices pour favoriser entre les Etats de la région le dialogue, la concertation et la coopération pour la mise en œuvre de politiques publiques tenant compte de la transversalité de la question du handicap. Il a rappelé que c’est pour la quatrième fois en 2013 que la République d’Haïti a accueilli sur son sol les pays de la région en vue de réfléchir sur des initiatives communes visant à consolider le processus d’intégration communautaire.
Selon le chancelier Casimir, la mise en œuvre de stratégies en rapport avec la problématique du handicap s’inscrit nécessairement dans une logique de droits humains. Elle exige l’établissement d’institutions et de cadres juridiques et légaux soutenant le traitement égalitaire en matière d’éducation, d’emploi, de soins de santé, de loisirs et de citoyenneté.
« Nous sommes convaincus que nous avons tiré profit des discussions qui ont eu lieu au cours de ces deux journées. Engageons-nous à prendre toutes les dispositions nécessaires pour en assurer un suivi adéquat et mettre en œuvre les recommandations de la déclaration de Pétion-Ville», a ajouté M. Casimir.
Pour sa part, le secrétaire d’État à l’Intégration des personnes handicapées, Gérald Oriol Jr, a fait savoir que la question du handicap s’impose comme un véritable enjeu social. Les débats, conférences et revendications autour de la question sont grandissants. En réponse, l’Etat haïtien a adopté le modèle social du handicap en opposition au modèle médical. Cette nouvelle vision, d’après M. Oriol, conduit l’Etat à mettre l’emphase sur la promotion des droits humains et la construction d’une société plus juste facilitant l’intégration des personnes handicapées. Ainsi, la question du handicap intègre l’agenda politique et s’inscrit dans les objectifs des politiques publiques haïtiennes définies en rapport audit modèle.
« La volonté d’agir et de combattre les discriminations à l’égard des personnes handicapées demeure au cœur des processus décisionnels. Dans cette perspective, le gouvernement haïtien exprime la ferme volonté de donner une orientation globale à la question du handicap. Ce qui se traduit au niveau national par l’adoption d’une législation y relative, par l’implantation des programmes d’accompagnement et la définition de politiques spécifiques ; au niveau international, figurent les protocoles d’accord et de coopération», a dit M. Oriol.
Plus loin, il a ajouté que la loi haïtienne du 13 mars 2012 sur l’intégration des personnes handicapées est un exemple d’instrument à la fois global et spécifique. Elle sert de cadre de référence pour le traitement égalitaire des personnes handicapées. Ce traitement égalitaire en rapport avec la question du handicap n’exclut pas la prise de mesures différenciées pour corriger des injustices associées à des conditions spécifiques. Au contraire, l’approche suppose que des interventions urgentes, ponctuelles et programmées à ancrage institutionnel sont mises en place pour prendre en compte les besoins des personnes en situation particulière.
D’après lui, il n’est un secret pour personne que les personnes handicapées constituent l’un des groupes les plus vulnérables de nos sociétés. Lorsque les ressources se font rares, elles sont les dernières à être servies. En conséquence, elles sont les plus pauvres, les plus démunies et les plus fragilisées. « De nombreux efforts sont consentis jusqu’ici pour atténuer les problèmes d’exclusion sociale et de pauvreté liés au facteur du handicap. Toutefois, il reste beaucoup à faire pour arriver à une gestion efficace et transversale de la question», a-t-il poursuivi.
Abondant dans le même sens, Frédéric Bolduc, représentant de l’OEA en Haïti, estime que la problématique du handicap occupe présentement une place importante dans les rapports de coopération internationale. Il eut à dire que : « L’échange de savoirs et de technologie comme la recension des bonnes pratiques capables de renforcer l’autonomie et la résilience des personnes vivant avec un handicap motivent de plus en plus les États. Les parties prenantes sont toujours encouragées à développer des partenariats avec les organisations internationales et régionales compétentes, de même que les organisations de personnes handicapées.»
Source: Le Nouvelliste