Des leaders religieux sensibilisés à la bonne cause
Seulement 4% des personnes atteintes de déficiences sur un million dans le pays ont accès à l’éducation. Ces personnes considérées à tort comme des handicapés font face à d’autres obstacles comme la difficulté d’accéder à des immeubles publics et de circuler dans les rues. L’insertion de cette catégorie de personnes dans la société haïtienne devient un sujet de grande préoccupation. Des organisations de la société civile, dont le Service chrétien d’Haïti (SCH), se sont engagées dans la sensibilisation des leaders religieux à ce point.
Après les cinq forums régionaux, le Service chrétien d’Haïti (SCH) a enchaîné, ce vendredi 21 juin 2013, du côté de Pétion-Ville, avec l’organisation du forum national pour l’insertion des personnes atteintes de déficiences. A travers cette réunion, qui s’est tenue dans un climat de confiance, les participants ont adopté des recommandations tirées des résolutions qui avaient été prises lors des cinq forums régionaux. Ces recommandations vont servir de guide pour la Conférence haïtienne pour l’insertion des personnes atteintes de déficiences (CHIPAD) et tout autre programme réalisé au profit de cette catégorie de personnes. Aussi des discussions ont-elles porté sur l’acte constitutif et le document d’orientation de la CHIPAD avant de les soumettre au vote.
Le secrétaire d’Etat à l’Intégration des personnes handicapées, Gérald Oriol, se dit ravi de voir des leaders religieux et de la société civile s’impliquer dans le combat pour l’intégration des personnes ayant une déficience quelconque. Dans son discours, le titulaire de la secrétairerie d’Etat à l’Intégration des personnes handicapées (SEIPH) a évoqué la question de la différence. « Sommes-nous égaux dans la différence ? », s’interroge-t-il avant d’ajouter qu’il s’agit d’une question sociale qui relève des droits humains, même si le fondement est enraciné dans une culture spirituelle ou métaphysique. En réponse, le secrétaire d’Etat a avancé : « Dans la perspective des droits humains, le droit à l’égalité sociale passe par le respect de la différence. Nous voulons être égaux dans la différence », a expliqué M. Oriol affirmant qu’une personne assume sa différence juste pour exprimer sa capacité de s’accomplir. Dans la foulée, il a fait le point sur les attentes d’une personne ayant une déficience quelconque. « Ce qu’attend une personne atteinte de déficience, c’est la compréhension de cette différence. »
En outre, pour approfondir le sujet, le numéro un de la SEIPH a souligné l’importance de l’implication des églises dans la lutte pour l’intégration des personnes atteintes de déficiences. « Elle est importante pour changer les perceptions sociales sur les personnes vivant avec un handicap. Car elles ne sont ni moins ni plus parfaites que les autres gens, mais elles vivent une expérience singulière qui demande une compréhension et une solidarité. Elle est aussi importante pour la mise en oeuvre d’une culture d’accessibilité. Intégrer les handicapés dans les espaces religieux commence par leur donner accès aux bâtiments religieux… Si chaque religion réalise la structure de l’humilité de sorte qu’elle respecte le principe de la différence et de l’égalité dans la différence, notre pays va entrer dans une phase de construction nouvelle et les mentalités vont changer positivement », a avancé Gérald Oriol, secrétaire d’Etat à l’Intégration des personnes handicapées, affirmant que les personnes atteintes de déficiences sont capables d’être positives et autonomes. Donc, ce ne sont pas seulement des sujets ayant besoin d’assistance, a-t-il conclu.
Pour sa part, le président de Service chrétien d’Haïti (SCH), l’ingénieur Raoul Vixamar, a estimé que ce forum permettra de consolider les acquis déjà obtenus dans la lutte en faveur des personnes atteintes de déficiences. En ce qui a trait à l’insertion de cette catégorie de personnes dans la société, il n’a pas caché son rêve. « Nous allons lutter pour l’implication des handicapés dans la vie économique du pays pour qu’ils puissent jouer un rôle important dans le mécanisme de développement d’Haïti. Ils ont leur place dans le tourisme, l’art et toutes les autres activités économiques. » Selon M. Vixamar, il reste encore beaucoup à faire dans l’ultime combat pour l’insertion des personnes atteintes de déficiences.
Le représentant de Church World Service, Aaron Tate, de son côté, croit que les leaders religieux sont capables de changer la perception des gens vivant dans leur communauté. Du coup, il a fait savoir ce qu’il a considéré être plus important dans le processus d’intégration des personnes handicapées. « Je pense que le plus important pour assurer l’intégration d’une personne dans une communauté, c’est de lui donner la possibilité de connaître ses droits. Ensuite, il faut lui permettre d’entrer en interaction avec les autres personnes de la communauté. »
A rappeler que le SCH avait organisé à travers le pays cinq forums régionaux. Ces activités avaient été tenues du 20 décembre 2011 au 9 avril 2013, à Pétion-Ville, au Cap-Haïtien, à Hinche, à Port-de-Paix et aux Cayes. Des leaders religieux, des laïcs, des recteurs et doyens d’université, de personnes atteintes de déficiences avaient participé à ces forums qui se sont déroulés sous forme de conférences et d’ateliers de travail. D’autres organisations, dont Act-alliance et Presbyterian Church, ont également joué un rôle dans la réalisation de ces réunions.
Source: Le Nouveliste