Duboirant Zamort prêche par la chanson
Devenu handicapé après un accident en 2015, Duboirant Zamort décide de travailler pour l’amélioration des infrastructures routières et pour l’intégration des personnes handicapées dans notre société. Et c’est par la chanson qu’il sensibilise et nous offre “Moun andikape pa kanpe”. Le Bureau du Secrétaire d’Etat à l’Intégration des Personnes Handicapées (BSEIPH) a eu l’occasion d’en parler avec lui.
BSEIPH : Qu’est ce qui vous a motivé à raconter votre histoire dans cette chanson?
DZ : Je me considère être une victime de la mauvaise gestion de la circulation par les concernés. Le jour de mon accident, en traversant le Carrefour Clercine dit “Ritha”, comme d’habitude il n’y avait pas de policiers, ni feu, ni panneau de signalisation. J’étais en compagnie de mes deux enfants et ma voiture a été heurtée par un bus. C’était le chaos total.
Ensuite, on m’a raconté ce qui s’était passé, particulièrement l’incapacité des hôpitaux haïtiens à me prodiguer les soins nécessaires. J’ai été très vite transporté aux Etats-Unis où j’ai été soigné et, malheureusement, amputé de la jambe. Après mon séjour à l’hôpital et grâce aux interventions des médecins qui m’ont remis sur pieds, je suis rentré au pays. J’ai donc décidé d’œuvrer à une prise de conscience générale pour une bonne gestion de la circulation et pour une amélioration des infrastructures routières, pour la mise en accessibilité des espaces pour faciliter les personnes handicapées ainsi que pour une sensibilisation visant à changer le comportement des gens dans les rues. C’est ce qui m’a poussé à écrire cette chanson.
BSEIPH : Comment vivez-vous votre nouvelle situation?
DZ : Avant mon accident, j’étais une personne très active dans ma mission familiale, la gestion de ma fondation pour les enfants. Après mon accident, devenu une personne handicapée, j’ai fait une auto-évaluation de ce que je peux continuer à faire, ce que je peux essayer de faire et ce que je ne peux pas faire. Avant, j’étais constamment dans les rues mais maintenant, je m’organise à la maison et je me déplace au besoin. Car, le problème d’accessibilité dans les rues, dans les bureaux de services et même dans ma fondation, constitue un véritable handicap pour moi, vue ma situation. C’est la raison pour laquelle, je me donne le temps nécessaire pour monter un nouveau staff pour le fonctionnement de ma fondation ainsi que pour évaluer graduellement ce dont j’estime être en mesure de faire.
BSEIPH : Comment votre handicap vous affecte-t-il ? Avez-vous une nouvelle vision de la vie ?
DZ : Par mon handicap, je comprends ce qui est essentiel à la vie. La capacité de marcher, de parler et de voir est un privilège divin mais tout ceci n’est pas ce qui est essentiel à la vie. Le plus important c’est notre capacité de penser. Je conseille aux personnes qui me côtoient d’essayer de vivre à travers leurs pensées plutôt qu’en capitalisant sur leurs forces physiques, car notre corps est très vulnérable. Beaucoup de mes anciennes connaissances me lâchent, de nouvelles me viennent et Dieu demeure fidèle à ma personne et à ma famille. J’étais toujours un humaniste avant l’accident, je le suis maintenant davantage.
BSEIPH : Quel est le message que vous souhaitez faire passer à travers cette chanson ?
DZ : Haïti est un pays très vulnérable à tous les points de vue. Je conseille aux gens de faire preuve de prudence en conduisant et en circulant dans les rues, d’adopter un comportement responsable vis-à-vis de leur personne et d’autrui.
Bureau du Secrétaire d’Etat à l’Intégration des Personnes Handicapées