Emploi : causerie avec le secteur privé des affaires sur la problématique du handicap
La question de l’emploi et de l’intégration des personnes à besoins spéciaux dans les entreprises sont des sujets hautement d’actualité. C’est dans cet esprit que le Bureau du Secrétaire d’État à l’Intégration des Personnes Handicapées (BSEIPH), avec le soutien de la Présidence et du Projet de Renforcement du Cadre Juridique pour les Personnes Handicapées en Haïti de l’Organisation des États américains (OEA), a rencontré le lundi 10 septembre en cours, à l’hôtel Montana, le secteur privé des affaires haïtien.
Cette rencontre, qui visait à sensibiliser les entrepreneurs sur la question du handicap s’est déroulée sur le thème « Accès des personnes handicapées à l’emploi et au travail adapté ». Les entrepreneurs présents ont eu des discussions pertinentes sur la problématique du handicap. Ces derniers ont fait preuve de compréhension autour de la nécessité d’offrir des opportunités égales à tous et de faciliter l’intégration des personnes handicapées compétentes dans leurs entreprises.
L’accent a été mis également sur la Loi Portant sur l’Intégration des Personnes Handicapées publiée le 21 mai 2012 au journal officiel « Le Moniteur ». Selon cette loi, tout responsable d’entreprise qui refuse d’employer une personne en raison de son handicap est passible d’une amende maximale allant de 200 000 gourdes à 500 000 gourdes pour chaque infraction dont il est reconnu coupable.
Intervenant à cette rencontre, le président de la Chambre de Commerce et d’Industrie d’Haïti (CCIH), Hervé Denis, a invité les autres membres du secteur privé à se mettre ensemble pour une intégration massive de cette couche marginalisée de la société sur le marché du travail. Abondant dans le même sens, l’entrepreneur Mathias Pierre croit que le handicap peut être un élément motivateur à la fois pour celui qui est handicapé du fait que celui-ci a une capacité et un vouloir de se dépasser et pour l’entrepreneur en quête de rentabilité. Ce dépassement de soi lui permettrait d’être parfois même plus productif qu’une personne non handicapée.
Prenant la parole à son tour, le Président de la République, Michel Joseph Martelly, s’est dit préoccupé par la nécessité de sauvegarder l’égalité de tous les citoyens haïtiens, de faire respecter la liberté et la dignité de tous, de créer le cadre nécessaire pour enrayer toute discrimination fondée sur le handicap. Le chef de l’État a aussi plaidé en faveur du respect de la différence et de l’acceptation des personnes handicapées et souhaité des actions concrètes pour améliorer l’existence des compatriotes haïtiens handicapés, surtout à la suite du tremblement de terre du 12 janvier 2010.
« En tant que chef de l’État, je regarde cette initiative comme un pas vers l’émergence d’une conscience citoyenne qui tient compte des conditions d’existence de l’ensemble de la population. J’ose espérer que le chemin qui est ainsi ouvert continuera à être débroussaillé et favorisera une meilleure conscientisation de tous les secteurs de la vie nationale», a indiqué le premier mandataire de la nation.
L’impact socioéconomique du handicap
Pour sa part, le Secrétaire d’État Gérald Oriol Jr a précisé que le handicap en Haïti revêt d’une dimension particulière. Dans un sens, les personnes à besoins spéciaux sont souvent exclues, rendues invisibles aux yeux de la société, souvent par leur propre famille. D’un autre côté, elles sont plus visibles, moins aidées mais plus batailleuses qu’ailleurs peut-être. Malgré ces singularités de notre société, les personnes handicapées rencontrent le plus souvent des difficultés insurmontables pour trouver un emploi. Il faut dire qu’une entreprise doit sans cesse affronter les obstacles que dressent devant elle, les concurrents, les flux internationaux, les aléas politiques, climatiques ou économiques. Elle ne va donc pas de gaieté de cœur introduire en son sein une personne dont le handicap est logiquement perçu comme un obstacle à l’efficacité.
Toutefois, « là où une personne handicapée apporte des contraintes (mobilité, fatigabilité, protection, rapidité) elle apporte aussi des richesses. Les ressources que valent des années d’efforts sur soi, de courage envers l’adversité en général et envers le regard des autres en particulier ; la richesse que constituent le courage, la patience, la persévérance et la compréhension sans lesquelles la personne handicapée n’aurait pas tenu. », a fait remarquer M. Oriol.
Il est important de souligner que depuis la création du Bureau du Secrétaire d’État à l’Intégration des Personnes Handicapées (BSEIPH), on assiste à une mobilisation au niveau de l’État haïtien en vue d’améliorer les conditions de vie des personnes handicapées; sans oublier la ratification des Conventions des Nations Unies (ONU) et de l’OEA relatives aux droits des personnes handicapées le 12 mars 2009. Autant de mesures favorisant l’accès des personnes handicapées aux services de base et leur inclusion dans la vie nationale.
Bureau du Secrétaire d’Etat à l’Intégration des Personnes Handicapées