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  • Handicap: une loi pour une meilleure intégration

    Article: Le 3 décembre a été la journée internationale des personnes vivant avec un handicap. Ce fut l’occasion pour le Bureau du secrétaire d’État à l’intégration des personnes handicapées (BSEIPH) de porter sous les projecteurs la loi sur l’intégration des personnes handicapées publiée dans le Moniteur du lundi 21 mai 2012.

    Le Secrétaire d’Etat, M. Gérald Oriol Jr, a qualifié d’ « événement historique » la promulgation de cette loi votée au Sénat le 13 mars 2012. Mais, tout n’est pas encore donné, concède-t-il. Car, il faudra non seulement en assurer la vulgarisation, mais aussi obtenir que chacun fasse l’effort d’en appliquer les prescrits.

    Un ensemble de mesures y sont édictées en vue de faciliter l’accès à l’éducation, au travail, au logement, à la justice, aux loisirs et autres services sociaux aux individus à besoins spéciaux. L’article 21, par exemple, leur garantit le droit à des logements sociaux adaptés à leur situation. Un quota doit être défini par le BSEIPH, avec l’Entreprise publique de promotion des logements sociaux (EPPLS).

    Grâce à cette loi, le droit à la libre circulation, semble-t-il, va enfin s’étendre aux handicapés. La construction des édifices publics doit respecter le principe d’accessibilité universelle. Ainsi, les personnes à mobilité réduite pourront y accéder en fauteuil roulant, ou tout autre moyen de support à leur handicap. D’où l’importance de l’implication du ministère des travaux publics dans la promotion et l’application de ce principe. Les maisons privées destinées à la location, les bâtiments d’écoles sont aussi soumis à cette mesure.

    Les véhicules et bateaux de transport public ne font pas exception. Le ton a déjà été donné par l’État avec l’adaptation de deux bus « Dignité » aux difficultés des handicapés. Les autorités compétentes veilleront à ce que l’exemple se multiplie et s’étende suffisamment pour répondre aux attentes de la population concernée.

    M. Oriol s’est dit conscient que la carence en services sociaux touche la grande majorité de la population haïtienne. Cependant, il refuse que cette réalité serve de prétexte à l’exclusion des personnes ayant des déficiences physiques ou mentales. « La loi sur l’intégration des personnes handicapées ne doit pas être vue comme un moyen d’offrir des avantages aux handicapés, mais c’est une démarche pour l’établissement de l’égalité des chances et des opportunités dans la société haïtienne ».

    Donc, toute personne, fût-elle victime d’un handicap, a sa place dans le système éducatif, dans les établissements publics et privés, comme le prône la loi. Le ministère de l’éducation nationale et de la formation professionnelle (MENFP) veillera à l’application de cette décision. Cependant, si quelqu’un a des déficiences intellectuelles ou multiples, il pourra bénéficier d’une éducation spécialisée. En ce sens, la création de centres scolaires spécialisés pour enfants avec un poly handicap est vivement encouragée.

    D’un autre côté, l’acceptation en milieu scolaire est déterminante dans la réussite et l’épanouissement d’un enfant perçu comme différent. Les éducateurs devront faciliter leur intégration en sensibilisant leurs camarades et prévenir la stigmatisation. Des cadres enseignants seront formés à la prise en compte des particularités de l’éducation des handicapés : apprentissage du braille, du langage des signes, etc.

    Devant l’emploi aussi la protection des handicapés est de mise. Obligation est faite aux entreprises publiques et privées de les embaucher sans discrimination, s’ils ont les qualifications et aptitudes requises. L’article 44 établit un quota que les entreprises doivent respecter : Au moins 1 employé handicapé pour une entreprise de 21 à 50 employés, 2 pour 51 à 100, 4 pour 101 à 200, 6 pour 201 à 300, 10 pour 300 à 500, 16 pour 501 à 800, 20 pour 801 à 1000 et 2% pour celles ayant plus de 1000 employés.

    « Ce n’est pas la charité que de faciliter les handicapés, cela relève des Droits Humains », défend Gérald Oriol. « De plus, rendre autonomes les personnes handicapées, c’est mettre en œuvre la planification globale pour une nouvelle société haïtienne », ajoute-t-il.

    Le secrétaire d’État à l’intégration des personnes handicapées s’est montré très optimiste quant à l’application de la loi. « Le travail prendra du temps certes, mais il y a déjà eu de grandes avancées. Le gouvernement manifeste une grande volonté. Nous comptons sur la société civile et nos autres partenaires. Je crois que la situation va s’améliorer, sinon je ne serais pas là ».

    Source: Le Matin