L’Institut Montfort lance un appel aux généreux donateurs
Fondé en 1957 par la congrégation des Filles de la sagesse, l’Institut Montfort s’occupe d’enfants sourds-muets ou aveugles issus des familles les plus défavorisées du pays. Après la construction d’un bâtiment inachevé financé par la World Vision à Croix-des-Bouquets, les responsables de l’institution font campagne auprès de généreux donateurs en vue de l’achèvement du travaux.
Etalé sur six hectares, l’Institut Montfort comprend 38 classes et contribue à la formation de plus de 300 élèves sourds-muets ou aveugles, de la maternelle à la 9e année fondamentale. Parmi les objectifs des responsables, l’achèvement des bâtiments de l’institution constitue la priorité absolue. « Nous estimons à 150 000 dollars américains la somme manquante pour la construction, explique sœur Rose-André Fièvre, la directrice de l’Institut Montfort. Nous devons construire une chambre froide, une cuisine et une cafétéria pour mieux servir les enfants.»
Vieux de 56 ans, l’Institut Montfort reçoit aussi des enfants dès l’âge de trois ans dans ses établissements de Saint-Marc dans l’Artibonite, du Cap-Haïtien et de Lavaud dans le Nord-Ouest. Selon sœur Rose-André Fièvre, ces institutions dispensent une formation spécialisée de haute qualité aux enfants. Les professeurs utilisent des méthodes d’apprentissage modulées selon le handicap de l’enfant; ceux venus de la province étant logés sur place. « Que l’enfant soit sourd-muet ou aveugle, nous avons des professeurs disponibles pour l’aider et le former. Nous avons aussi des médecins qui auscultent bénévolement les enfants afin de voir l’évolution de leur état de santé », raconte-t-elle.
Malgré les efforts pour encadrer le plus grand nombre d’enfants non-voyants ou sourds-muets possible, l’institution connaît son lot de difficultés économiques. A en croire sœur Fièvre, la contribution des parents ne couvre même pas le quart du budget et les dons recueillis sont loin de suffire à combler les dépenses de l’institution. C’est pourquoi elle fait appel, une fois n’est pas coutume, au soutien des autorités et de la population. « Grâce aux dons du milieu et des parrainages étrangers, ces jeunes sont formés pour la vie. Mais, avec le taux de chômage à l’étranger et au pays, en plus du passage du tremblement de terre, les entrées diminuent. Tandis que les dépenses augmentent avec le coût de la vie en Haïti qui est très élevé. Les salaires et l’alimentation pèsent lourd sur notre maigre budget », regrette sœur Rose-André Fièvre.
C’est que les subventions du gouvernement haïtien sont pour le moins… minimes. « Le ministère de l’Education nationale nous assure une subvention de 12 salaires sur les 36 professeurs de notre centre de Port-au-Prince, dit-elle. Cependant, les trois autres centres ne bénéficient pas de cette subvention. Chaque mois, nos administrateurs se débrouillent pour trouver de quoi faire fonctionner l’institution. Des fois, nous vendons des bouteilles, des quénêpes et des mangues, parce qu’il faut bien donner à manger à nos élèves trois fois par jour. »
Toutefois, l’Institut Montfort reste attaché à ses objectifs. Après la 9e année fondamentale, l’élève s’en va, avec en poche un métier de son choix. Les filles peuvent opter pour la coupe, la couture, l’art ménager, la cosmétologie ou la cuisine-pâtisserie. De leur côté, les garçons choisissent le plus souvent l’ébénisterie, la vannerie, la ferblanterie ou la coupe masculine.
Avec ses 48 ans de bons et loyaux services, sœur Rose-André Fièvre croit que l’école doit continuer à desservir les plus pauvres et travailler au bien-être de la société. « L’objectif de l’école est atteint, explique-t-elle, lorsque nous constatons que nos anciens élèves ont un travail et sont appréciés de leur patron. Ceux qui sont passés entre nos mains ont fondé une famille et sont respectés de tous ! »
Source: Le Nouvelliste