Test cognitif avec des personnes handicapées en vue du prochain recensement national
Un nouveau module a été ajouté dans le questionnaire élaboré pour le prochain recensement national. Celui visant à identifier les personnes en situation de handicap. Cette partie du document est actuellement soumis à un test cognitif auprès d’un échantillon de la population grâce au support de l’Organisation des Etats Américains, pour en vérifier la clarté et s’assurer de sa compréhension par le grand public.
Réunies en atelier focus groupe ce jeudi 24 juillet, 10 personnes handicapées ont travaillé sur la terminologie du questionnaire “Fonctionnement et activités”, qui suit les questions sur le profil de l’enquêté, son niveau d’étude, sa situation par rapport à l’emploi, son revenu, et comprend différentes questions sur ses problèmes de santé, ses outils d’aide au fonctionnement, entre autres.
Plusieurs séances de travail ont précédemment été réalisées entre le Bureau du Secrétaire d’Etat à l’Intégration des Personnes Handicapées (BSEIPH) et l’Institut Haïtien de Statistique et d’Informatique (IHSI) en collaboration avec une experte et conseillère du Secrétaire d’Etat, le Dr Sophie Mitra, en vue de finaliser le module. Professeure d’économie à l’Université de Fordham aux Etats-Unis et spécialiste dans les questions liées aux thèmes handicap et économie, Mme Mitra a mis son expertise au service du BSEIPH en vue de préparer le module “Fonctionnement et Activités” du questionnaire du recensement et a proposé la réalisation dudit test cognitif.
« Notre souci est de nous assurer que le questionnaire sera complètement compréhensible aux personnes à qui il sera adressé », a fait savoir Ilionor Louis, sociologue, responsable du test cognitif. « C’est l’occasion de découvrir la représentation que se font les personnes de leur maladie ou de leur handicap. Une chose impressionnante est de constater qu’un aspect mystique est fortement attribué aux causes du handicap », a continué M. Ilionor.
Les participants du groupe sont majoritairement illettrés et vivent avec un handicap moteur, physique, ou sensoriel. L’échantillon a été identifié conjointement avec le BSEIPH. Pendant les séances de travail, les questions sont lues et la compréhension des participants est vérifiée, les réponses des participants présentant le type de handicap en débat sont ensuite collectées. Il leur est aussi demandé si la question peut être posée à d’autres personnes sans handicap.
S’il n’est pas nécessaire de réaliser d’importantes adaptations dans le module, ces échanges sont des plus riches et sont d’un grand apport dans la finalisation du document, a expliqué le sociologue et professeur à l’Université d’Etat d’Haïti. Il a pris comme exemple les interactions autour de la question “Eske w wè ?”. « Pour la première fois depuis qu’on a commencé le travail un participant a mentionné que ne pas savoir lire est pour lui un handicap l’empêchant de voir ». Plus loin, à la question “Eske w itilize linèt ?”, un participant a fait la surprenante remarque de spécifier le type de lunettes. « On devrait clairement préciser le type de lunettes pour que l’enquêté ne confond pas verres et lunettes de soleil ou autre type », a-t-il suggéré.
Bureau du Secrétaire d’Etat à l’Intégration des Personnes Handicapées